lundi 25 mai 2009

L'ART D'ACCOMMODER LES RESTES


ARMAN disait « Chacun de nous est ce qu’il jette ». Il disait aussi « Si tu évites de regarder ta poubelle, si tu te bouches le nez, c’est peut-être que tu ne veux pas te voir, te sentir ». Pour les curieux que nous sommes, ces phrases nous poussent forcément à tenter « une plongée » au cœur de nos déchets. Au-delà du recyclage traditionnel du verre où du papier, il s’agira ici, comme l’ont fait de nombreux artistes, de regarder nos déchets comme une mine de matières premières pour créer, et de donner une nouvelle vie aux objets, ou, matériaux oubliés ou jetés. Depuis 1945, la société de consommation industrielle et urbaine constitue le thème dominant de l’art contemporain. Il renvoie fréquemment aux déchets. L’artiste renvoie à la société, les images de ses dysfonctionnements et sa création participe aux grands enjeux de la condition humaine. À partir de ce qui est rejeté comme sans utilité, sans intérêt, sans valeur économique, l’enjeu consiste à découvrir et à produire d’autres ou de nouvelles richesses. L’artiste prend l’ordure à rebours, à contre-courant pour la magnifier, la sublimer et en extraire la poésie ou l’ironie. L’homme recherche souvent le beau, le jeune, le lisse, le plein… Réhabilitons ici les marques du temps, la fêlure, les rides, les plis, le rugueux, le défraîchi, la patine et la rouille… Les créateurs contemporains, au lieu de gommer les défauts, vont mettre en valeur les nœuds du bois ou une tache de rouille comme autant de symbole d’une matière vivante ou trace d’une mémoire. Ils vont aussi transformer pour redonner vie. Achat d’oeuvres aux plasticiennes : Elisabeth QUERBES Sterenn LAURENT KERVELA